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Retour sur l’Assemblée Générale du Crésol

Après une année 2022 particulièrement compliquée pour le Crésol, la nouvelle équipe et certains de ses adhérents les plus fidèles se sont réunis le mardi 21 novembre 2023 pour son AG 2022.

L’année 2022 du Crésol a été une année particulièrement difficile. Le conseil d’administration amoindri et se concentrant autour du Bureau, n’a pas su gérer une évolution difficile des modèles économique et sociale de la structure et a été incapable de trouver les cofinancements nécessaires au financement des actions portées par les salariés. Le Bureau s’est retrouvé dans une gestion complexe de l’équipe de salariés qui ont finalement tous quitté leur poste fin 2022. Une AG exceptionnelle s’est tenue au début de l’année 2023 pour modifier les statuts et permettre l’élection d’un nouveau CA dont la mission principale sera de tenter de sauver le Crésol en 2023. L’association a donc été portée par deux bénévoles, Christian Rrotaj en tant que président, et Bruno Lasnier, en tant que trésorier. Le pari était d’autant plus difficile qu’avec une vie associative dévastée, plus de salarié et des financements 2023 très incertain, l’espoir de réussir devient très faible et donne à la nouvelle équipe un an pour réfléchir comment faire vivre l’économie solidaire et ses centaines d’initiatives en région Centre au-delà du Crésol.

L’assemblé Générale a permis de voter le rapport, moral, financier et d’activité, et de discuter de l’avenir du Crésol. Nous sommes à la recherche d’initiatives et de membres motivés pour continuer à faire vivre le réseaux sur le territoire tourangeaux.

Pour encourager l’association dans sa démarche de renouveau et pour soutenir ses futurs projets, nous vous invitons à adhérer ou à faire un don au Crésol via ce lien Hello Asso :

En cette fin d’année 2023, le Crésol sera présent sur deux évènements auxquelles vous êtes tous conviés :

  • Le 12 et 13 décembre aura lieu une formation pour devenir Maître du jeu de PFH à Solly/Dère.

Ce jeu pédagogique a été construit dans le cadre de RADIS-TEST, La Recherche-Action : Développement des Initiatives Solidaires pour la Transition Ecologique et Sociale des Territoires.

Avec le jeu PHF à Solly/Dère, ils ont essayé de recréer l’ambiance d’un projet collectif et citoyen et les processus qui se mettent en œuvre. Une part essentielle se joue en réunion à travers les méthodes utilisées et les relations nouées. En jouant avec différents personnages, des rôles qui tournent et des aléas qui apportent de la complexité (la réalité dépasse en général la fiction), vous allez expérimenter le fameux PFH, Précieux Facteur Humain, comme socle de la coopération !

PFH à Solly/Dère est un jeu qui peut avoir de multiple usages : du bon moment apprenant à la formation à l’animation de réunion, il est possible de varier les modalités de temps de jeu et de debrief pour rechercher plutôt la prise de conscience, réfléchir sur ses postures, et ou mieux comprendre les situations de réunionite aigüe..

 

Le 14 et 15 décembre, le Mouvement Pour l’économie Solidaire, dont fait parti le Crésol, organise une formation sur les gouvernances collectives, à Tours. Ils vous y attendent nombreux de 9h à 17h30, à la pépinière d’entreprise, 30 rue André Theuriet, 37000 Tours.

 

Pour en savoir plus, télécharger la plaquette de présentation en cliquant ici !

Troc ESCAT_DR Julie Gaucher

Le troc d’habits pour une mode éthique : L’Armoire sans fin cartonne à Tours

En plein confinement, pendant l’essor du zéro déchet, Marie Brugier développe L’Armoire sans fin. L’association propose d’échanger des habits contre d’autres lors de sessions de trocs, ou de les transformer au cours d’ateliers couture. Rencontre avec sa fondatrice. 

Chemisier rose avec des oiseaux, fines créoles assorties et bracelets de perles bleues et violettes, Marie Brugier prend une gorgée de son eau gazeuse et tranche de citron en terrasse. Fondatrice de L’Armoire sans fin, depuis octobre 2019, elle propose un système de troc de vêtements unique en Touraine. Par ce biais, elle souhaite transmettre et échanger des connaissances sur une mode éthique. 

Marie Brugier réfléchit à la création de l’association L’Armoire sans fin depuis le confinement (photographie : Dominique Andro).

« J’étais un garçon manqué très longtemps, au collège je m’habillais comme un sac… » s’amuse-t-elle. À l’université, elle se découvre une passion pour la mode. « C’est intuitif, je ne vais pas à la fashion week, je suis juste certaines personnes que j’aime bien sur Instagram. L’important c’est de se sentir bien dans ses fringues. »

Un projet né d’une démarche personnel

À l’origine du projet ? Une démarche personnelle : contrariée par la quantité de déchets générée à titre individuel, elle s’engage dans le zéro déchet. « Je réduis mes cosmétiques, je n’ai que 2 ou 3 produits pour l’entretien de toute la maison, j’achète le plus possible de vrac. » 

Depuis sa création, l’association a organisé une vingtaine d’évènements : trocs, mais aussi ateliers ou échanges autour de la couture. (Photo : Marie Brugier)

Quand cette sensibilité rencontre sa deuxième passion, la mode, elle dévore des documentaires sur la « fast-fashion » et ses conséquences. « En Europe, on se débarrasse du problème en envoyant les vêtements en Afrique, où ils n’ont pas les moyens d’absorber de telles quantités » s’indigne-t-elle. Au cours de ses recherches, elle découvre des systèmes alternatifs de troc en Amérique du Nord et en Angleterre. En parallèle de son emploi de secrétaire dans une association culturelle, elle crée l’association l’association l’Armoire sans fin en octobre 2019, s’inspirant directement de ces modèles. 

Pour aller plus loin : Marie recommande le documentaire La montagne textile : le fardeau caché de notre gaspillage alimentaire. (21min, WECF France) « Choquant, mais nécessaire pour comprendre les enjeux. » Il révèle le coût social et environnemental du commerce des vêtements d’occasion. 

À condition d’adhérer à l’association, chacun donne quelques articles (en bon état et propre) et récupère des points, en fonction de la taille du vêtement (1 point pour un tee-shirt, 4 pour un manteau…). Chaque adhérent peut ensuite repartir avec des habits de son choix, grâce à ses points. Depuis fin 2021, Marie, présidente de l’association, s’y consacre entièrement. Aujourd’hui, elle rassemble une quinzaine de bénévoles actifs et 85 adhérents. 

À Tours, il y a une vraie dynamique autour de ces questions de recyclage, de récupération.

Marie Brugier, présidente de l’armoire sans fin

« Je voulais faire quelque chose qui avait plus de sens ». Et le partage de compétences autour du réemploi du textile, par le biais d’ateliers et de « cafés couture ». Les ateliers, souvent thématiques  (prise en main de la machine à coudre, sauvetage de vêtements, « raccommodage visible » ), sont animés par des bénévoles et parfois des professionnels. Les cafés sont quant à eux des temps d’échanges plus informels, dans un troquet. En deux ans, l’association a organisé une vingtaine d’événements.  En toute humilité, elle partage ce sentiment de faire de son mieux, sans faire assez. « Cette impression de goutte d’eau, que quelle que soit l’alternative que tu proposes, tu es un petit colibri dans tout ça…» 

Lors des cafés coutures, des bénévoles ou des professionnels transmettent leurs compétences en matière de recyclage de vêtements. (Photo Marie Brugier)

La principale limite au projet aujourd’hui est l’absence d’un local, recherché activement par les membres de l’association. Pour l’instant, Marie stocke les vêtements chez elle entre deux trocs, et l’installation demande beaucoup de temps et d’investissement. Les événements se déroulent à l’auberge de jeunesse Étape 84 (Avenue Grammont), à la Maison de la Gloriette (Tours), ou encore à Le Dilettante (La Riche). 

À lire : en idée lecture, Marie conseille Mon dressing heureux, de Céline Séris (éditions Hachette Pratique). Le livre soulève les questions de pollution et de fabrication des habits que l’on porte. Sur son blog, l’auteure propose aussi des décryptages de marques. 

Pour la suite, Marie s’autorise à voir les choses en grand : « Si on trouve des lieux qui s’y prêtent, on pourrait faire des soirées projection de documentaires, suivies de débats. De la sensibilisation en milieu scolaire, des défilés, des happenings… » Dans l’idée de développer un lieu-ressource sur la mode circulaire. « À Tours, il y a une vraie dynamique autour de ces questions de recyclage, de récupération. » Avec toujours, au centre de la démarche, l’information et la sensibilisation : « L’idée n’est pas forcément de changer directement les comportements, mais surtout d’amener à la prise de conscience ».

Texte : Lisa Darrault, photographie de couverture Julie Gaucher

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La revue de presse #5 : l’économie peut-elle se penser sans écologie ?

Depuis deux ans, l’écologie occupe une place importante dans l’activité du Cré-sol. 

Pourquoi cette tendance ? Comment expliquer cette si grande place accordée au sein d’une association d’économie solidaire ? 

Dans cette revue de presse, nous proposons d’étudier le lien entre écologie et économie. De chercher à comprendre comment les deux s’entremêlent. 

Pour alimenter la réflexion, mais aussi créer du débat, n’hésitez donc pas à commenter par retour de mail, ou dans la section commentaire du blog.

Bonne lecture !

 « C’est le capitalisme qui est responsable des dérèglements environnementaux ». 

Dans son billet (l’Âge de faire n°170, février 2022), Gilles Rotillon, économiste, met l’accent sur le frein principal à une évolution de la société plus sociale et écologique : la recherche de profit à tout prix. « C’est lui [le capitalisme NDLR] c’est-à-dire le rapport social qui sépare les propriétaires des grands moyens de production des travailleurs, qui serait responsable de la crise globale de notre monde. » 

Réchauffement climatique et hausse des prix du carburant

Possible de se passer de la voiture individuelle quand on vit en ville, mais impossible à la campagne ? Dans le petit village de montagne de Castelnau Pegayrols (Aveyron), l’association In’VD (innovation-véhicules doux) milite contre cette idée en proposant des initiatives ingénieuses, imaginatives et locales : « véloto », véhicule hybride à quatre roues et à pédales, triporteurs, ou encore « semaines sans voiture ». Dans son article, pour France Info, le 15 mars 2022, En Aveyron, une association explore des alternatives à la voiture, car « si on ne change pas, on fonce dans le mur », Thomas Baïetto rencontre les membres de l’association.

Modèles alimentaires 

En temps de pandémie, dans son article Annuler les dettes des agriculteurs est indispensable pour permettre un changement de modèle alimentaire (14 mai 2020), Aline Fares analyse les effets de la concurrence, de la productivité  et de l’endettement sur les agriculteurs : épuisement, perte de sens, suicides… La suppression de la dette leur permettrait  d’être libérés des pratiques désastreuses pour l’environnement et l’homme.  

Transition énergétique et dynamiques collectives

Pour le média Vert.eco, Aurélie Delmas emmène ses lecteurs dans le village de Saint-Just de Claix, en Isère, où 160 citoyens sont actionnaires de la Centrale villageoise locale, fonctionnant de manière coopérative : une centrale photovotaïque de 18 installations produisant l’équivalent de la consommation électrique de 120 foyers par an. Chaque actionnaire reçoit une partie des dividendes, résultats de la vente de l’énergie. 

Les écolieux : modèles alliant groupe, écologie et économie 

Inventer collectivement une nouvelle vie et des activités sobres et riches de sens : dans les écolieux, les citoyens se regroupent pour habiter, et/où travailler ensemble. Dans Le tour de France des écolieux, Vincent Tardieu, des Colibris, part dix mois à la rencontre des habitants de 13 écolieux, en émergence ou bien installés, pour mieux comprendre les différentes dynamiques.

Coup de projecteur du côté de chez nous (à l’échelle régionale) 

Pour ce focus régional, direction l’écohameau du Plessis, dans la Beauce en Eure-et-Loir. Le plus grand écolieu de France est construit par des ingénieurs trentenaires : 28 maisons, des bâtiments communs, des aménagements en permaculture sur 3,5 hectares de terrain, complétés par un habitat groupé de 24 personnes âgées.

Logements : entre climat, justice sociale et gaz russe

« En France, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. » Dans La rénovation thermique des logements : un chantier nécessaire pour le climat, la justice sociale et contre le gaz russe, Anne-Sophie Novel montre comment la rénovation thermique permettrait de ne plus avoir besoin des hydrocarbures russes, tout en servant le climat et la justice sociale. 

Alimentation : vers l’indépendance et le partage

Alexandra Schwartzbrod, journaliste chez Libération, appelle, dans son édito du 25 mars 2022, à une transition sobre et solidaire face à la crise énergétique et alimentaire, résumant les différentes problématiques soulevées par les articles précédents. L’objectif ? En finir avec la dépendance énergétique et alimentaire et mettre en place de nouveaux mécanismes de partage.

Pour aller plus loin 

« Nous voyons (…) que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte, ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant. »

Quand des jeunes diplômés de l’AgroParisTech ont la parole, ils saisissent l’instant pour marquer le coup : appelant à un retour à la terre, ils invitent leurs camarades à les rejoindre et déserter le système, pour changer la donne. 

Lisa Darrault

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Ouverture des Beaumonts : Le premier tiers-lieu de Tours, inventé par et pour ses habitants

Samedi 2 avril, le premier Tiers-Lieu de Tours ouvrait ses portes aux habitants. La journée avait pour but de présenter le lieu, et de commencer à rassembler les besoins ou envies des habitants.

Qu’est-ce-qu’un tiers-lieu ? Que souhaiteriez-vous y voir ? Samedi 2 avril, les casernes des Beaumonts ouvraient enfin leurs portes au public : habitants du quartier, mais aussi de l’agglomération et des campagnes environnantes.

Il est 14h45, les stands sont apparus en quelques dizaines de minutes, au milieu des anciennes écuries. Les dernières balances pour le concert du soir résonnent, pendant que chaque participant récupère chaises et tables. Certains s’approprient les plantes décoratives, d’autres sortent leurs multiples outils, vélos, ou encore matériel pour réaliser des animations.

A 15h, la scène se vide, et les premiers curieux commencent à circuler, se prenant rapidement au jeu des animations proposées. Un quart d’heure plus tard, le lieu est rempli, et ne désemplira qu’en fin de journée. Le flot de curieux s’arrête à chaque stand, cheminant sous les 5 halles réhabilitées.

Dehors, Radio Campus met l’ambiance pour ceux qui profitent du soleil, et de l’odeur des food-trucks commençant à s’installer. Par moment, une performance attire la foule dans le bâtiment où sont regroupés les ateliers de réparation de vélo et de sensibilisation aux sciences et à l’environnement. La musique emplit alors l’espace, résonnant jusque sous la première halle, où sont regroupés les stands pour les enfants.

La parole aux visiteurs : qu’est ce qu’un tiers-lieu ?

La journée était destinée à faire connaître le lieu au public, et à reccueillir les idées ou besoins des habitants. La friche des casernes Beaumont-Chauveau, aménagée par la Ville de Tours et la SET ( société d’équipement de Touraine) y a fait son apparition en tant que « tiers-lieu à inventer ensemble ».

La première phase d’expérimentation est lancée, et des permanences sont mises en place les mardis, mercredis et vendredis. Toutes les infos sur le lieu ici.

Lisa Darrault

Vincent incorpore le broyat au liquide formé par l'agar agar, pendant qu'Élodie et Rebecca présentent Precious Kitchen.

Reportage : Quand la transformation du caoutchouc et du plastique s’érige en art

Régulièrement, France Active organise des évènements “Faire Mouvement” pour réunir les acteurs de l’Économie sociale et solidaire en région Centre–Val de Loire. L’occasion, en février, de présenter deux acteurs incontournables de l’économie circulaire en Touraine, Precious Plastic et Precious Kitchen. 

La transformation des déchets était à l’honneur de Faire Mouvement le mardi 22 février, au village des jeunes de Mettray (Indre-et-Loire). À l’occasion des un an d’Efferve’sens, la plateforme de financement participatif citoyen et local, les acteurs de l’ESS en région Centre ont pu réviser leurs connaissances en économie circulaire, et assister à des transformations de déchets par Precious Plastic Touraine et Precious Kitchen. 

Environ 70 partenaires de la plateforme, porteurs de projets et citoyens étaient réunis au village des jeunes, dans les locaux d’Atouts et Perspectives, association d’aide aux personnes vulnérables. 

De la poudre de bois au carreau en quelques secondes 

Répartis en plusieurs groupes grâce aux couleurs de mousquetons recyclés par Precious Plastic Touraine et distribués au début de l’événement, chaque participant se dirige vers l’une des deux démonstrations de la soirée.  Dans la grande salle d’Atouts et Perspectives, les fondatrices de Precious Kitchen, Élodie Michaud et Rebecca Fezard, casquette et bonnet sur la tête, arrivent, retardées par leur train. Vincent Perez, designer de produit chez Precious Kitchen et Clara, en service civique, ont préparé l’atelier.

Disposé à côté de carreaux et de petits objets déjà créés auparant, le broyat de caoutchouc attend d'être fondu lui aussi.
À l'aide d'une petite cuisine transportable, Vincent prépare l'agar agar, qui figera le caoutchouc à la forme voulue en refroidissant.
Pendant la démonstration, les participants découvrent la matière transformée, et testent sa solidité.

Vincent incorpore le broyat au liquide formé par l'agar agar, pendant qu'Élodie et Rebecca présentent Precious Kitchen.

C'est la dernière étape de la recette : la mixture est versée dans le moule.

Le studio Precious Kitchen vise à démocratiser et rendre accessible le design de matières. Les deux fondatrices présentent leur activité autour de la démonstration de Vincent Perez et Clara. Après avoir cuit de l’agar agar, ils y incorporent du caoutchouc et du bois, récupérés en chutes déjà broyées auprès d’entreprises locales comme Podaction, fabricant de chaussures orthopédiques. Vincent verse ensuite la mixture dans des moules, afin qu’elle se fige sous forme de carreaux en quelques secondes. 

Pendant ce temps-là, les designeuses présentent leur activité, les carreaux de matières passant de main en main dans le public. Élodie Michaud explique : “c’est le matériau qui va définir son usage, une fois transformé. On fait beaucoup d’essais. C’est notre manière de pratiquer le design matière : l’idée est avant tout de récupérer les déchets.

Precious Kitchen, c’est à la fois le partage des recettes en open source, la cartographie des ressources disponibles sur le territoire, les ateliers, et la “Chutotèque” rue Nationale à Tours, où chacun peut venir récupérer gratuitement les rebus des partenaires, déjà broyés, un peu sous forme de magasin de vrac, ou simplement échanger avec les designers. “On se sent proches de Precious Plastic par la dimension de partage. Plus on sera nombreux à récupérer les chutes, plus les déchets seront transformés et réutilisés. C’est pour ça que toutes nos recettes sont en open-source,” résume Rebecca Fezard. 

Des pieds de table en plastique recyclé

Il faut suivre un petit sentier entre les bâtiments du village de jeunes pour se rendre à “Métamorf”, l’atelier de Precious Plastic Touraine. Le groupe fait une première escale dans la pièce principale, où siègent de gros fauteuils et canapés en cuir. Nicolas Gomes, de l’association Precious Plastic Touraine, à l’aide d’infographies suspendues à une cordelette, présente diverses données sur la pollution plastique. C’est la partie sensibilisation. 

Lire aussi : Precious plastic touraine, du plastique à l’économie circulaire

La petite troupe est ensuite dirigée vers l’atelier et Christophe Lejarre, fondateur de Precious Plastic Touraine. “L’association a plusieurs vocations : mettre en partage des machines auprès des citoyens pour expérimenter le recyclage, accueillir des groupes pour faire une sensibilisation au tri des déchets, au cycle de vie du plastique, et à l’absence de filières pour recycler certains d’entre eux. Et enfin la production d’objets : nous créons des nouveaux produits autour du mobilier pour les entreprises et les collectivités.” présente-t-il. 

À l'aide d'infographies, Nicolas Gomes, de Precious Plastic Touraine, présente quelques données sur la consommation de plastique dans le monde. 
D'un geste expert, Christophe Lejarre, fondateur de Precious Plastic Touraine, prépare le moule dans lequel seront versées les paillettes de plastique fondu afin de former un pied de table. 
Le moule est disposé sur l'injecteuse, qui fait fondre et coule le plastique dans celui-ci. Les plans de la machines sont disponibles en open-source, la vocation de Precious Plastic étant de démocratiser le recyclage et le rendre accessible à tous.  
Un peu partout dans l'atelier, des caisses de paillettes de plastiques triées par couleurs reposent, attendant d'être utilisées.
Si les démonstrations sont autour d'objets du quotidien (mobilier, mousquetons...), il est aussi possible de transformer les anciens plastiques en grandes plaques. 
L'entrée chaleureuse de l'atelier laisse à peine deviner les travaux encore en cours quelques semaines auparavant. 

Tout en donnant des explications sur le processus de transformation du plastique, et en répondant aux questions du groupe, il converti en quelques minutes des paillettes de plastique (réalisées au préalable dans le même atelier, à partir de déchets récupérés) en un pied de table, grâce à l’injecteuse, machine volumineuse et impressionnante. L’association a elle-même fait partie des porteurs de projet soutenus par la plateforme Efferve’sens, leur campagne ayant réuni 13 000€ pour l’aménagement de l’atelier et l’accueil de stagiaires et de personnes en service civique. 

À la nuit tombée, les différents groupes se retrouvent une dernière fois dans la grande salle d’Atouts et perspectives, pour assister à la présentation des projets actuellement en campagne sur la plateforme. L’occasion de rappeler que le dernier appel à projet, clôturé le 4 mars, était pour la première fois thématique, autour de l’économie circulaire. 

Lisa Darrault

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Precious Plastic Touraine, du plastique à l’économie circulaire

Créée en août 2020, l’association Precious Plastic Touraine informe le public sur la consommation de plastique et son recyclage. Nicolas Gomes, bénévole hyperactif, présente le tiers-lieu, à l’aube de son ouverture le 1er mars.

Au village des jeunes à Mettray, à côté de la chapelle, un bruit de broyeur s’échappe d’une des maisons en briques rouges. Seul le panneau “Métamorf”, au-dessus de l’entrée, indique la présence de l’atelier de transformation de plastique. Nicolas Gomes ouvre la porte sur une entrée spacieuse et lumineuse. Il est bénévole chez Precious Plastic Touraine, qui sensibilise le public à la consommation de plastique, et le recycle en objets. L’association, née en 2020, s’inscrit dans la communauté nationale et le mouvement mondial. Au-delà des canapés et fauteuils en cuir, une partie de la pièce est encore en travaux. Le tiers-lieu ouvrira le 1er mars, pour une inauguration début juin.

Encore en pleine installation, le lieu sera officiellement ouvert au public le 1er mars, avant deux jours d’inauguration début juin.

Sensibiliser, et recycler 

Juste à côté de l’entrée, des objets en plastique recyclé, fabriqués ici à l’atelier, ou par des partenaires, reposent sur un grand plan de travail : pieds de table, portes-savon, petites corbeilles et même une brique verte… Ils côtoient des fiches de présentation, des photographies et une cartographie répertoriant les Precious Plastic à travers le monde. Trois colonnes d’emballages, de bouchons triés devancent une armoire avec des bacs de paillettes de plastiques triés par couleurs, et deux étagères de livres de design de matière. 

Cet attirail sert à la transmission de connaissances. Lors d’accueils de groupes, ou de visites dans les écoles, les membres de l’association informent sur le “cycle de vie” du plastique, pour inciter à en consommer moins. C’est leur premier axe de travail, la transmission de connaissances. Ils montrent des solutions pour les plastiques dont on ne peut se passer, comme ceux utilisés dans les hôpitaux. « On commence à accueillir des groupes ici, explique Nicolas, en désignant les canapés et fauteuils en cuir, au centre de la grande pièce. On crée aussi un atelier mobile, pour se déplacer dans les écoles avec les machines. » Tous les mardis matins, ils accueillent les jeunes de l’ITEP (Institut thérapeutique éducatif pédagogique). Après une séance de tri des déchets sur une grande table à roulettes, et des explications, place à la pratique : « l’idée, c’est qu’ils puissent repartir avec leur mousqueton fabriqué en 2-3 secondes. »

Un bruit de broyeuse s’échappe du couloir menant aux ateliers. Le long de celui-ci, les fenêtres, simples trous dans les murs pour le moment, laissent apercevoir deux bureaux dans une pièce sur la droite, et une future salle de menuiserie, « pour les découpes ». De nombreux outils y sont entreposés, à côté de grandes plaques de plastique multicolores, appuyées sur un mur. Nicolas les désigne : « nous faisons beaucoup d’essais de transformation du plastique, c’est notre deuxième axe de travail : l’expérimentation. » Toujours dans une logique de durabilité : « on veut aller sur une durée de vie de 50 ou 100 ans. Des objets qui puissent être réparés, et toujours recyclables. »

Du plastique aux paillettes, des paillettes au nouvel objet

De l’autre côté du couloir, l’atelier rassemble les machines. Marie, casque antibruit sur les oreilles et masque de protection au visage, broie des barquettes noires. La jeune en service civique transforme ces déchets, fournis par la fondation d’insertion Amipi (Tours-Nord), en paillettes de plastiques. « Nous réduisons les barquettes en broyat, qui servira ensuite de matière première utilisée par les autres machines. »

Avec son grand levier, “l’injecteuse” sert à fabriquer des petits objets. Nicolas sort deux pièces circulaires en métal, le moule à mousquetons. Les paillettes sont chauffées et rendues presque liquides, puis versées par pression dans le moule. « Le mousqueton n’est pas un objet très durable, il a une visée essentiellement pédagogique. »

Un grand espace vide suggère l’absence d’une troisième machine : « c’est l’extrudeuse, elle sert aussi à créer des pièces, mais elle est équipée d’une vis et d’un moteur. » Les pièces fabriquées sont plus longues, comme des barres ou des pieds de table. La machine est à Polytech, l’école d’ingénieurs de l’Université de Tours, où l’association dispose d’un local. Des étudiants y effectuent des tests. Résistance, durabilité… Ils éprouvent aussi les produits finis, comme les pieds de table, pour trouver les plastiques les plus indiqués aux utilisations, ou inventer des formes plus adaptées. 

« Nous voulons devenir un lieu ressource sur l’économie circulaire « 

Nicolas Gomes, bénévole à Precious Plastic Touraine

Affairé, Christophe Lejarre, ingénieur et fondateur de Precious Plastic Touraine, navigue entre son bureau et l’atelier. Si Nicolas intégrera bientôt l’équipe salariée, Christophe est le seul en CDI pour le moment. Un noyau de six bénévoles vient très régulièrement donner son aide, et une quinzaine de personnes, plus ponctuellement. 

En septembre, la cinquantaine d’adhérents a été rejointe par 150 personnes pendant la campagne de financement participatif régionale Efferve’sens. La campagne a permis de réunir 13 000€, pour l’aménagement de l’atelier et l’accueil de stagiaires et service civique : « en plus du financement, ça a permis d’agrandir la communauté, » souligne Nicolas. Des associations, aux particuliers, en passant par les professionnels, la campagne a montré qu’il existe un besoin dans la région. 

Precious Plastic Touraine a pu acheter les machines grâce au budget participatif d’Indre-et-Loire, qui permet aux habitants de voter pour leurs projets préférés, soutenu ensuite par le département. Leur inscription dans le paysage local est très importante, notamment via le label des Fabriques de territoire, réseau de tiers-lieux. « Nous voulons devenir un lieu-ressource sur l’économie circulaire, et pas seulement le plastique. » Informer les interlocuteurs sur les différents leviers de l’éco-conception. « On veut devenir un lieu pérenne sur le sujet. »

Lisa Darrault

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« On sème des graines dans la terre pour en semer dans les esprits »

Pour les quatre Jardinières masquées (Hélène, Joachim, Emmanuel et Martin) l’expérience humaine a dépassé le mouvement. Certains partent en vacances ensemble, font des soirées, des jeux. Joachim est désormais en couple avec une jardinière masquée. 

Planter des légumes en centre-ville, se réapproprier l’espace public. À Tours, le mouvement des Jardinières masquées a émergé pendant le premier confinement. Pour se perpétuer, il se transforme en association. Quatre jardinières et jardiniers masqués racontent ce choix.

Faire pousser des plantes comestibles en ville : tel est l’objectif premier des Jardinières masquées, qui, tous les week-ends, à même le sol ou dans des bacs, sèment des graines au sein de la ville de Tours. Pour perdurer et continuer à prendre de l’ampleur, à l’aube de l’année 2022, le mouvement citoyen se transforme en association. Quatre Jardinières masquées, Hélène Amary, Joachim Pasquier, Emmanuel Boivier et Martin Calet retracent l’histoire de ce choix. 

Pour comprendre l’émergence du mouvement, il faut faire un petit retour dans le temps : premier confinement, printemps 2020. Les Couturières masquées, fabriquant des masques en tissu, rencontrent un succès illimité. Ce qui inspire le futur « noyau dur » du mouvement, raconte Martin Calet : « les premiers membres se sont dit qu’il y avait un créneau à prendre au niveau de l’initiative citoyenne ».  Un petit groupe de personnes lance des actions tous les week-ends. Des citoyens bravent le confinement et sèment des graines de plantes comestibles dans les rues, les parcs publics, aux pieds des arbres et des immeubles. 

Des actions vite populaires

Au moment où il est interdit de sortir, ce mouvement permet d’être dans l’action : en promouvant le comestible en ville par la désobéissance civile, les Jardinières se réapproprient l’espace public. « On voulait être dans l’humain, créer de l’interaction. On a fait un appel sur Facebook et on a vite eu du monde. » En moyenne, 15 à 20 personnes répondent présent chaque week-end.

Pour les quatre Jardinières masquées, la bonne réception de ces actions et la forte participation tiennent du fait qu’elles répondaient à un manque. « Les gens avaient envie de sortir et de remettre les mains dans la terre » explique Emmanuel Boivier. L’expérience est révélatrice de l’investissement et la motivation des gens : « s’il y a un besoin local, les volontaires affluent ».

Pendant neuf à dix mois, les Jardinières plantent un peu partout. Puis le choix des lieux s’affine : dans certains endroits, les parterres ne sont pas entretenus par les habitants, dans d’autres ils sont vandalisés. Elles se concentrent alors sur trois endroits : l’île Balzac, la place de Strasbourg et la Gloriette.

Perdurer par le passage en association

Ce qui fonctionnait très bien par la force collective, notamment la mutualisation des objets et des matériaux (terreaux, palettes etc…) a atteint ses limites, raconte Hélène Amary : « on se retrouvait parfois avec une scie, une pelle pour 15 personnes. Emmanuel a dû acheter des clous par exemple ». La constitution en association permettra de dépasser ces limites matérielles. Tout en créant un cadre, avec des interlocuteurs désignés. Selon les Jardinières, c’est un passage obligé pour faire perdurer le mouvement et fidéliser les citoyens.

Le dernier chantier, le nettoyage des bacs place de Strasbourg, date de novembre. « On a mis un point final au mouvement citoyen juste après, en participant à une conférence Ted Talks sur le thème Parenthèse(s) ( 00:48:00) à Orléans. Nous allons reprendre les actions sous forme d’association, pour déposer, cadrer, écrire le projet et foncer. » résume Joachim Paquot. Cela permettra de donner de l’ampleur au mouvement et d’organiser plus de chantiers et d’actions. Une réunion est prévue début janvier pour valider les statuts de l’association, puis l’activité devrait reprendre début février.

Faire bouger les lignes au niveau municipal

La force de l’idée tient aussi dans sa reproductivité : désormais, à l’initiative des mairies, des légumes poussent sur les parterres municipaux du rond-point de la Rotonde, des potagers sont apparus autour du CCCOD, et les jardins partagés de La Riche invitent les passants à se servir. « Par la désobéissance civile, on a pris les devants, ça a fonctionné. Constatant la réussite et la réception positive, les élus et les mairies ont repris l’idée » constate Joachim, aussitôt complété par Hélène « elle a germé, c’est génial ! On sème des graines dans la terre, pour en semer dans les esprits ».

Le mouvement a entraîné l’émergence de nouvelles questions publiques : comment faire du compost en ville sans attirer les nuisibles par exemple. La question de la contamination des sols aux métaux lourds aussi, contournée par l’utilisation de bacs. Pour Hélène, « en passant directement à la pratique, nous avons posé ces nouvelles questions ». Le passage en association permettra d’ouvrir le dialogue, par la mise en lien des « référents » avec les élus et les techniciens salariés de la mairie.

Lisa Darrault

Image extraite de La jeune femme et la mer, de Catherine Meurisse

La revue de presse (#4) : et si on soufflait ?

Image extraite de La jeune femme et la mer, de Catherine Meurisse

À l’approche de l’hiver, voici une proposition : mettre à distance et calmer les angoisses liées à la crise écologique, sanitaire et sociale.

Une respiration. Un moment hors du temps. Une reconnexion à la nature, au monde vivant.

La 4ème revue de presse de notre série est une sélection d’articles et d’œuvres pour prendre le temps, et du recul.

Bonne lecture !

La terre au carré

L’automne dans les Vosges : l’agriculture de montagne

Dans les 4 saisons de la terre au carré, l’émission de France Inter part sur le terrain, pour un format hors les murs.

Pour l’automne dans les Vosges : l’agriculture de montagne, l’équipe installe son “bivouac radiophonique” dans le village de Mittlach (Haut Rhin), au milieu des vaches.

Accueillis par un couple d’éleveurs de vaches, ils abordent ensemble le sujet de l’agriculture de montagne, authentique, respectueuse et territorialisée. L’émission se poursuit au sujet du territoire, des luttes locales et d’une culture du vin respectueuse de l’environnement, au rythme des cloches de vaches vosgiennes.

Du côté de chez nous

Animal, le film

Dans les pas de Vipulan et Bella, deux jeunes de 16 ans participant aux grèves pour le climat, Animal, le nouveau film de Cyril Dion, propose un voyage à travers le monde entier pour reprendre contact avec cette nature oubliée.

Au fil de la réalisation du film, l’équipe comprend l’importance des récits pour imaginer et construire un futur durable. Avec sensibilité, intelligence et espoir, le documentaire remet la sixième extinction de masse des espèces au centre des problématiques.

La crise écologique n’est pas qu’une question technique, liée au climat. L’humain, s’il s’en est déconnecté, fait lui aussi partie de son environnement. Il est, lui aussi, un animal. Un rappel bienvenu, qui sonne juste.

Alternatives Économiques – Entretien avec la coprésidente du GIEC, Valérie Masson-Delmotte

Pour reposer les bases du changement climatique, Alternatives Economiques propose un long entretien avec Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat).

Dans Nous courons derrière le climat qui change, elle revient par exemple sur l’impact des décisions : « Ce n’est pas seulement une histoire d’influence humaine sur le climat global. C’est aussi une histoire d’aménagement du territoire, qui peut aggraver les effets d’un climat qui change. » Elle finit par aborder les problèmes de gouvernance, ralentissant l’action climatique.

Un peu d’action

Justice pour le vivant

Face à ces absences de prises de décision des gouvernements, des initiatives inédites émergent. En septembre, Notre affaire à tous et Pollinis lancent Justice pour le vivant. Pour la première fois dans l’histoire, deux associations lancent une action en justice contre le gouvernement pour son inaction face à la destruction de la biodiversité.

Faites une pause

Les sites web peuvent aussi être des supports de sensibilisation, comme celui de la fondation Blue marine, organisme de lutte contre la surpêche. Véritable plongée immersive dans les fonds marins, accompagnée d’une voix off expliquant les enjeux de la protection des océans.

L’office national du film du Canada propose une traversée, excursion numérique en forêt. Cette fois, le visiteur, qui guide un petit lutin, a pour but de restaurer l’équilibre de la nature, en rassemblant des éléments pour retrouver la mémoire de celle-ci.

Enfin, le voyage azarien, proposé par Joseph Azar, est une expérience contemplative. Le codeur créatif indépendant a décidé, à 40 ans, de prendre un temps chaque matin pour se promener dans la nature. Grâce à ses compétences, il étend l’expérience pour la partager. L’histoire d’une reconnexion à la nature, à découvrir selon deux modes : guidé par un narrateur, ou libre, en mode exploration.

Luttes locales contre grands projets inutiles

Dans son article Un portrait de famille des luttes locales contre les grands projets « inutiles et imposés », le média vert eco présente une carte interactive. Mise à jour régulièrement par Reporterre depuis 2020, elle recense actuellement 370 luttes locales. Aéroports, fermes-usines, barrages, entrepôts, centres commerciaux… La carte rassemble les collectifs citoyens mobilisés pour défendre leur environnement.

Du côté de chez nous

L’élargissement de l’A10 entre Poitiers et Veigné, et le projet de parc éolien de Vou et la Chapelle-Blanche.

Le coup de coeur

La jeune femme et la mer, de Catherine Meurisse, éditions Dargaud, 2021

Dans cette bande-dessinée, une jeune artiste part chercher l’inspiration en résidence au Japon.

Elle y rencontre un tanuki facétieux (représentant l’esprit de la forêt dans les légendes japonaises) et un peintre japonais aux pannes d’inspiration représentées par des bosses.

Au gré des illustrations, ponctuées de peintures en pleine page, ce conte philosophique questionne la place de l’humain dans la nature.

Lisa Darrault

Troglo

Le Troglo, supermarché tourangeau, laboratoire du vivre ensemble

Proposer des produits accessibles à tous, dans un lieu construit par le collectif. Le Troglo est un projet de supermarché coopératif et participatif à Tours. Aujourd’hui, ils sont 300 coopérateurs, sur un objectif de 400. Rencontre avec Marc Socquet-Juglard, président fondateur de l’association “les amis du Troglo”. 

Le Troglo est un projet de supermarché coopératif et participatif, peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ? 

Un supermarché est l’endroit où l’on fait toutes ses courses. Au Troglo, nous proposerons les courses du quotidien : alimentation, produits d’hygiène, d’entretien, culture peut-être… Par exemple, il n’y aura pas d’électroménager. Chaque membre de la coopérative sera propriétaire et décideur du supermarché. C’est la dimension participative : une décision est validée quand plus personne n’est contre, selon la méthode “par consentement”. Pour pouvoir faire ses courses, chacun devra participer 3 heures par mois : mettre en rayon, tenir la caisse, ou la comptabilité par exemple. Il ne sera pas ouvert au public : pour y aller, il faudra être copropriétaire et participer. C’est ce collectif qui permet de faire fonctionner chaque maillon. 

Quelles sont les prochaines étapes et quand prévoyez-vous l’ouverture du supermarché ? 

La première étape est d’être suffisamment nombreux : nous sommes bientôt 300 coopérateurs, sur un objectif de 400. Ce nombre atteint, nous déclencherons les financements. L’ouverture est prévue au cours du deuxième semestre 2022. Nous avons trouvé un local de 800m2 idéalement situé, à proximité du rond-point Saint-Sauveur, près des Deux Lions. L’endroit est important : près des crèches, des écoles et de l’université, avec un accès facile en tramway et à vélo. Nous nous réjouissons de débuter les travaux : il faut tout construire, installer l’informatique, recruter du personnel, établir les usages du magasin (comment réceptionner les produits, contrôler les dates limites de consommation des produits…) et former les gens. Via un logiciel de planning d’inscriptions, chacun pourra sélectionner ses horaires de présence et son poste.

Comment fait-on pour monter et faire fonctionner un tel projet ?

Nous avons d’abord créé l’association Les amis du Troglo avec un copain, qui en est devenu le trésorier, et ma compagne, la secrétaire. L’association met en réseau les personnes et structure le projet. Pour faire fonctionner un tel projet, il faut d’abord le faire connaître au plus grand nombre. Nous avons commencé par là, en expliquant l’idée. Et il faut donner un cadre, pour que les personnes qui aient envie d’y participer le puissent. Leur ouvrir les portes, faire en sorte qu’elles puissent s’investir là où elles en ont envie. Nous avons donc monté une société coopérative, l’entreprise qui gère le quotidien du supermarché. C’est un vrai laboratoire, pour tester plein de choses, chacun peut venir avec une idée : développer une micro-crèche autogérée, un journal de l’activité du quartier… Nous sommes ouverts à toutes les propositions. 

Comment s’illustre ce choix d’un supermarché qui correspond à tous ? 

L’association rassemble plus de 500 personnes. Les profils sont très complémentaires, il y a des personnes de toutes catégories socio-professionnelles : des médecins, des avocats, des caristes, des enseignants, des étudiants, des retraités… À nous tous, nous pourrions tout faire ! Nous accueillons une personne autiste, qui cherche l’épanouissement dans ce projet. C’est l’essence du Troglo : adapter cet « outil supermarché » à tous. L’idée est de mettre à disposition du plus grand nombre d’habitants de la métropole des produits de qualité, locaux si possible, à prix réduit. Nous ne proposerons que quelques produits bio, car ils sont souvent plus chers et notre priorité est l’accessibilité à tous. Nous aurons aussi un gros rayon vrac. 

En fait, l’idée, c’est un peu de faire ses courses différemment, collectivement ? 

C’est ça. Voir comment, à partir de rien, on peut travailler ou faire des choses ensemble. Nous savons tous qu’il faut du changement, mais nous avons du mal à passer à l’acte. Il faut en avoir l’envie et, pour moi, c’était un des moyens de donner envie aux gens de réfléchir un peu, ensemble. De se demander : « à qui j’achète le produit ? À qui je donne mon argent ? Qui est la personne qui met en rayon, celle qui m’encaisse ? Ah, je les connais ! J’ai bossé avec eux il y a deux mois, on s’est engueulés, ou on a passé du bon temps. »

D’où t’es venue cette idée ? 

J’ai eu un déclic. J’écoutais une émission de radio qui parlait de la Louve à Paris (le premier supermarché coopératif et participatif en France, Ndlr.), et ça a fait tilt. Ça avait l’air tellement génial, je me suis dit “je vais m’inscrire à la Louve de Tours”. Sauf qu’elle n’existait pas. Avec ma compagne, nous avons décidé de la créer. Il s’appellerait le Troglo, en référence aux habitations troglodytes de Touraine, où l’on stocke la nourriture, où l’on fait mûrir le vin. Et parfois aussi où l’on fait la fête, ça nous ressemble bien finalement.

Texte Lisa Darrault, photo Marc Socquet-Juglard

Fresque du climat

Les étudiants de Polytech s’approprient la fresque du climat

Jeudi 16 septembre, la rentr’écolo a rassemblé presque 2000 étudiants de l’Université de Tours. Répartis sur différents sites à Tours et à Blois, ils ont participé à des ateliers de La fresque du climat, outil interactif et pédagogique de sensibilisation au  dérèglement climatique. Reportage à Polytech Tours.

          Une certaine effusion règne dans l’école polytechnique de l’Université de Tours, ce jeudi 16 septembre. Un peu partout dans les salles de classe, des groupes d’étudiants, une dizaine par atelier, se massent autour des tables, sur lesquelles reposent des grandes feuilles blanches, des crayons, des gommes, des règles…

Fresque du climat
Encadrés par des animateurs, et les membres de l’association, les étudiants doivent d’abord remettre dans l’ordre cause/conséquences les cartes qui constitueront la fresque.

Le hall d’entrée de l’école accueille deux groupes. Rita Loukili, en cinquième année à Polytech, leur explique ce qui les attend. La fresque du climat se présente sous la forme d’un jeu de cartes : chacune représente une cause ou un effet du changement climatique au recto, expliqué en détail au verso. Rita leur fournira par lots, les étudiants étant chargés de les remettre dans l’ordre. 

La fresque du climat intégrée au cursus

Pour ces étudiants, l’après-midi fresque du climat est intégrée à leur cursus, donc obligatoire. “ C’est important je pense, puisque quelle que soit notre spécialité, on sera forcément confrontés, dans nos parcours, aux problématiques soulevées par le changement climatique et la préservation de l’environnement ”, témoigne une étudiante. 

Fresque du climat
Au verso de chaque carte, les explications du phénomène inscrit au recto peuvent aider les étudiants. Valérie, membre de l’association, vérifie que les notions sont bien comprises.

Comme 300 animateurs ce jour-là, étudiants, professeurs ou personnel administratif, Rita a été formée pour pouvoir encadrer les ateliers. A 14 heures, elle dispose sur les tables les 7 cartes du premier lot du jeu : activités humaines, énergies fossiles, émissions de CO2, effet de serre additionnel, hausse de la température, fonte de la banquise et montée des eaux. Elle laisse ensuite les étudiants échanger, débattre, et se mettre d’accord sur l’ordre cause-conséquence, avant de revenir vers eux : “ L’un de vous peut-il m’expliquer rapidement pourquoi vous avez mis les cartes dans cet ordre ? ”.

« Cet événement permet de toucher une population composée des décideurs de demain » 

– Valérie, membre de l’association La fresque du climat

Les cinq lots s’enchaînent de cette manière, Rita restant à la disposition des étudiants pour des questions ou des éclaircissements. “ La fresque permet de sensibiliser, de prendre conscience collectivement. Et d’étendre ensuite cette réflexion à tous ses cercles : professionnel, familial, amical… On essaie d’expliquer de la façon la plus simple ce qui est compliqué. ” Toujours dans la bienveillance et le débat.  

Valérie, chargée des nombreux ateliers répartis dans tout le bâtiment Polytech, explique, entre deux bouchées de sandwich : “ (Je suis désolée pour le sandwich, on est un peu speed aujourd’hui !) La fresque [du climat ndlr] a fait son apparition en Indre-et-Loire très récemment, c’est l’un des départements où elle était le moins développée. Cet événement donne un énorme coup de boost et touche une population composée des décideurs de demain. ” Comme elle, 35 membres de l’association Fresque du climat sont présents sur les différents sites, reconnaissables à leurs tee-shirts. Ils ont pour mission de coacher les animateurs moins expérimentés, et de les aider en cas de difficulté.

Fresque du climat
Enfin, les étudiants sont chargés de trouver un titre à leur fresque, de préférence optimiste, de la mettre en couleurs et de l’illustrer. Les groupes ont chacun opté pour « Sommes nous conscients » et « Sous le soleil de l’Arctique ».

L’objectif d’une telle action : former des animateurs en grand nombre, pour agrandir le réseau de « fresqueurs », et ancrer l’événement à l’université pour qu’il soit répété tous les ans. “ C’est important pour les étudiants : la prise de conscience peut impacter leur choix de métier, amener à des carrières ou des parcours différents. ” La coach passe entre les tables : “C’est bon niveau timing ?” Les 3 heures prévues incluent un temps créatif, pour décompresser après la constitution, assez pesante, de la fresque, et un debrief, où sont abordés ressentis et recherche de solutions. 

Trouver des solutions

Vers 15h15, Rita tente de faire deviner le contenu du cinquième lot de cartes. “ Mais c’est la fin de l’humanité en fait la dernière carte ! ”, s’inquiète une élève. Pas loin puisque ce dernier lot rassemble les mots : “ famine, réfugiés climatiques, conflits armés et santé humaine ”. Rita justifie : “ C’est pour ça que j’essaie de mettre un maximum de bonne humeur ”. Après avoir finalisé et fait valider l’ordre, les deux ateliers de Rita passent au temps créatif : trouver un titre, mettre en couleur les liens entre les cartes et illustrer la fresque. “ Et je ne veux pas de titre comme la fin du monde, trouvez quelque chose de positif ! ”, avant de rappeler que la plus belle fresque (sélectionnée par Valérie) sera affichée dans l’école.

Vient ensuite le debrief. Rita présente aux élèves, rassemblés en cercle, le kit Inventons nos vies bas carbone, qui permet de parler de l’empreinte carbone moyenne en France (de 12 tonnes aujourd’hui). Puis, pour partager son ressenti, Rita fait circuler dans le cercle une feuille, représentant un arbre sur lequel sont perchés des bonhommes, illustrant l’état d’esprit des étudiants. Globalement, les mêmes reviennent : celui qui s’accroche (pour faire des efforts, gravir l’arbre petit à petit), ceux qui se font une accolade, représentant la solidarité.

Le kit inventons nos vies bas carbone, créé par Résistance climatique, donne une représentation visuelle des émissions de CO2 dégagées par types d’activités.

Un peu assommés par toutes ces informations, les étudiants passent à l’ultime étape « solutions » : un brainstorming, sur des post-its, d’idées pour entraîner le changement. A l’issue de cet après-midi lourd de sens, le témoignage d’une des étudiantes résume l’état d’esprit global. “ Je suis embêtée par le gouffre entre ce que l’on peut vraiment faire à l’échelle individuelle et ce qui compte vraiment. Les petits gestes ne suffisent plus.

Lisa Darrault